A la recherche

J'ai fait un truc bizarre aujourd'hui.
J'ai voulu changer de parfum. Je me suis retrouvée aux Galeries Lafayette, à demander à une jeune vendeuse qu'elle m'aide. J'étais depuis quelques jours sans parfum le matin, et ça me manquait ce vent de superficialité qui s'étale dans mon cou, comme si je n'étais plus tout à fait moi. C'était étrange ces derniers jours, sans mon odeur à laquelle je m'étais habituée depuis plusieurs mois.
Alors je me suis vue sniffer des petits cartons blancs, ça m'a amusée un instant. Puis j'ai mis en option l'un des cartons et on m'a tendu le flacon. Et là j'ai flippé. Je l'ai pas pris. Mais on m'a parfumé avec pour la journée, pour que je sois sûre.
Ca sent bon. Certes. C'est un peu sucré, discret mais entêtant, ça sent la femme accomplie et heureuse dans un cocon de bien être. J'ai retrouvé à qui appartenait cette odeur. Pas à moi, ça c'est sûr. Mais à la maman d'Albane, petite fille dont je ne me souviens pas du visage, je crois simplement qu'elle avait les cheveux blonds. J'ai oublié le nom de sa mère et de son père et de sa soeur aussi, pourtant elle aussi elle avait un joli prénom peu usuel. Puis ce prénom là, Albane, ça me faisait rire à l'époque. Elle devait naître peu de temps avant mon p'tit frère. Et si ç'avait été une fille, il se serait appelé Camille. Et Camille-Albane, c'est un coiffeur. A l'époque, j'avais dix ans, et c'était le genre de truc qui me faisait rire. enfin, bref. L'odeur de cette femme me revient en pleine narine. Souvent je la croise dans la rue et je me demande ce qu'elle devient. Si elle porte toujours le même parfum, dans sa coupe à la garçonne et son corps maigre mais qui paraissait si peu fragile, je crois que cette femme est le témoin de mariage de mon père. Caroline ? Carole ? Un truc comme ça je dirai. Cet odeur lui allait bien, à elle.

J'ai alors marché vite dans une autre parfumerie, j'ai choppé mon parfum habituel et je l'ai acheté. Puis je suis rentrée chez moi prendre une douche. Puis j'ai dormi.
Et j'ai fait un rêve bizarre. Je crois que j'essaye de l'écrire. Ca m'occupe.

Je suis allée voir le nouveau Woody Allen aussi, aujourd'hui. Penelope Cruz est simplement parfaite. Mais il est étrange ce film, si loin de l'univers auquel on nous a habitué du professionnel de la névrose amoureuse. Destabilisant. Je crois que pour le voir d'un bon oeil, il faut oublier qui en est l'auteur. Ou alors s'accrocher à la voix off qui rappelle les vieux films américains, seul repère.

J'ai eu l'impression aujourd'hui de perdre mon identité.

Alors je suis allée au Café les Augustes. J'ai siroté une menthe à l'eau et je me suis retrouvée à pleurer dedans.
Les souvenirs auront ma peau. Mais je ne les partage plus.

Je vais aller écouter Serge Gainsbourg, ça me rappellera qui je suis. Puis de toute façon ça fait une semaine que j'écoute Oasis, il es temps de couper le cordon.

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