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N E X T E X I T
26 février 2009

Furieuse

Alors là tu vois ça fait des semaines et des semaines que j'engrange tout dans ma gorge, mes yeux, mes oreilles, mes mains, ma gueule, ma bouche, mes poings, mes phalanges. Tout mon corps en rage. En cris. De fureur. De contenu retenu. Je pulse. A fond. Je fais du Rock'n'Roll sans le savoir, avoir tout mon corps interne, mes petites cellules qui vibrent et qui se déchaînent, qui bavent la terreur, qui suintent la colère, qui valdinguent sur ma peau morte pour me réveiller.

Alors il a fallu une chanson. Pour réveiller l'épiderme endormi et mes doigts sur le clavier pour hurler. Défense interne. Encore.

Tu te demandes de quoi je parle.

Bah je parle de moi et de mes fureurs. La lionne en cage. Je veux que tu me hurles de me calmer. Parce que je pourrai tout manger comme si j'étais devenue boulimique des autres pour les tuer à petits coups de dents bien assénés. Faudrait que tu me mettes des chaînes pour me retenir de les étrangler. Faudrait que t'apprennes à me tenir en laisse. T'es capable ? Tu t'en sens capable de prendre le relais ? De me soutenir dans mes délires ? T'es prêt ou tu feras la fine bouche ? T'es prêt ou tu me laisseras sur le carreau à te foutre de ma gueule ? T'es prêt à te péter la gueule aussi, plus bas que terre si je t'écrabouille en te montrant du doigt ? T'es prêt à me sauter à la gorge pour me faire comprendre que je dois rester sur mes gardes ?

Faudrait que tu sois à la hauteur. Faudrait que t'aprennes. Mais compte pas sur moi. Faut pas déconner non plus. Je vais pas te mâcher la tâche. Je vais attendre voir si t'es capable. J'ai trop à y perdre si tu sais pas y faire. Parce que je pourrai bien revenir à mes folies et gueuler et foutre des coups de pieds et claquer des portes si tu me retiens pas.

Parce que je pourrai manger mes trois collègues de boulot. Et puis peut-être tout ce système là dans lequel j'ai trouvé ma place. Faussement bien sûr. J'ai bien fait mon trou n'empêche. Tu trouves pas ? J'ai eu tout ce que je voulais. Princesse. Mais si tu sais pas me retenir, je perdrai tout. Parce que je pourrai bien me la ramener un matin, en Hulk et leur dire. Ce qu'elles ignorent sur moi. Leur faire bouffer leurs enfants dans un premier temps. En second, leur mari ou leurs amants. Puis leur baraque. Leur déco toute propre. Leurs fringues de putains bien habillées. Leurs rouges à lèvres et leurs talons de bottines. Leurs culs bien assis. Leurs rires débiles. Leurs opinions télévisuelles. Leur imbécilité à croire comprendre le monde qui les entoure quand elles ne regardent que leur lucarne aux lumières affaiblis par leurs lumières tamisées dans un salon au canapé bien ajusté contre le mur et le tapis devant et la table basse avec le martini et les gâteaux apéritifs. Leur vie de famille à la con. Leurs préocuppations futiles. Leur envie de soleil dans des pays exotiques pour vivre en retranchées de la vie occidentale à bronzer sous un cocotier ou un palmier et ramener des photos enflammées qui ne reflètent que leur vide.

Non, vraiment, si tu me retiens pas, je vais leur péter à la tronche. Leur arracher les cheveux et les frapper à la mâchoire pour que plus jamais elles ne me parlent de ce qu'elles vont bouffer le soir et en faire des blagues. Je connais tout d'elles et j'ai rien demandé. Leurs meilleurs amis, leurs habitudes au lit, leur quotidien insipide, les fringues qu'elles achètent pour leurs enfants, leurs maris et leurs habitudes, l'un n'aime pas les carottes, l'autre déteste pisser debout, ce qu'elles écoutent le matin et le soir en rentrant harassés de leur boulot de merde et en se disant qu'il faut recommencer à la maison.

Ca me fatigue. Leurs illusions d'être des femmes accomplies.

Moi quand je rentre chez moi je m'allonge sur le sol, je fume une clope et je hurle dans mon ventre.
Ou bien je me mets sous la couette avec un livre et je m'endors.
Si tu me retiens pas je vais m'évader un jour. Je changerai à nouveau de ville en espérant y trouver quelque chose de meilleur, d'autres vies à haïr, et m'énerver seule. Si tu me retiens pas je vais te filer entre les doigts. Et il se pourrait même que je le regrette et que je t'en veuille.

Et puis y'a cette putain de chanson et mon genou qui merde à bouger tout seul de toute cette tension que je lui fais subir. Y'a mes yeux qui se fixent sur le mur et qui ne voient plus rien que la musique.

Oh putain comme c'est bon. Comment j'ai fait pour me retenir jusqu'à ce soir ?

Viens t'évader avec moi. Et on tuera le monde. Et leurs mensonges et leur pitié et leurs incohérences et leurs contradictions et leurs excuses et leur manque de délicatesse et leur manque de pardon et leurs envies de vie futile et leurs questions et leurs yeux qui ne voient rien qui ne comprennent rien.

Viens m'arrêter parce que je pourrai ne pas dormir de la nuit et rester là avec ma chanson à tuer le monde de mots tout aussi futiles. Parce que j'en fais partie et que j'y contribue. Parce qu'il en faut toujours un ou une qui soit ainsi. A remarquer ce que les autres cachent. Et à en prendre plein la gueule pour pas un rond. Parce que ces gens là je les méprise et ils me fascinent. Parce que je ne peux plus me détacher d'eux. Parce que si je vibre de colère contre eux ils me maintiennent la tête hors de l'eau. Et je leur en veux. D'être dépendante de leurs conneries quand je ne voudrais que les fuir.

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Commentaires
E
J'ai envie de dire RAGE AGAINST THE MACHINEs à laver !<br /> <br /> Cours p'tite soeur, il est encore temps de s'arrêter un jour.<br /> <br /> Rock'n'Roll...
A
Étant (c'est pas LA classe de commencer un post par un participe présent, hein?) tombé sur ton blog par..euh..inadvertance, et ayant lu ton dernier fil - en diagonale, dois-je reconnaitre - j'eus l'agréable surprise d'être agréablement surpris..<br /> <br /> Ce trépignement à (s'auto-) trucider sans vergogne mais avec volupté, est une bien exquise "metadoxe".
M
Et bien, il était temps, il y avait longtemps qu'on avait pas eu de nouvelles....
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