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N E X T E X I T
23 juin 2009

Quand je serai grande, je serai...

A la mort d'Alain Bashung, des tonnes et des tonnes d'articles de plus ou moins bonnes qualités ont voulu retracer la vie de cet homme. Moi j'ai choisi de revenir à mes anciennes lectures en achetant uniquement le hors série des Inrocks. Inévitablement, dans ce genre d'hommage, il y a toujours des messages des gens qui l'ont entouré. C'est bien souvent émouvant même si très pompeux. Tout d'un coup, il est adulé et aimé, simplement parce qu'il est mort. Soit. Acceptons cet état de fait. Mais tout de même ! Parfois, il y en a qui en font des tonnes et qui me valent de bons fous rires. Pour n'en citer qu'un seul, l'hommage relativement lourd de Joseph d'Anvers : "Quand j'étais petit, j'habitais une petite maison dans un lotissement et je me souviens que le mercredi après-midi, pour m'occuper, je mettais des lunettes noires et une raquette autour du cou, et faisais du playback sur Oh Gaby. J'avais à peu près 4 ans. J'aimais vraiment ce morceau et j'avais décidé que plus tard, comme métier, je voulais faire Alain Bashung."
Vous voyez ce que je veux dire ?

Samedi après-midi, j'ai regardé un film qui s'appelle La tête de maman. Il vous suffit de regarder la bande-annonce pour mieux comprendre ce qui pouvait m'attirer dans ce film. Cette Lulu qui rêve que sa mère c'est Jane Birkin, qui dit que Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve c'est sa chanson préférée et que sa meilleure amie lui répond "de toute façon, toutes ses chansons ce sont tes préférées", de la voir rouler en pleine cambrousse en hurlant à tue-tête les paroles de Di Doo Dah.
Vous voyez ce que je veux dire ?

Moi j'ai jamais voulu que ma mère ça soit Jane Birkin. J'avais bien plus d'ambitions que ça ! A 8 ans, je me prenais pour France Gall et je faisais chier ma belle-mère avec les sucettes. A 12 ans, je me suis dit que les chagrins d'amour c'était vraiment chiant, que ça pourrissait la vie, qu'il valait mieux chanter des chansons sur les amours des autres. Et puis pleurer pour de faux, avoir mal à la place des autres. Alors à 12 ans, j'ai décidé que je serai Jane Birkin quand je serai plus grande. Et c'était cool !
J'étais un bébé gai, une lolita même si je savais pas ce que ça voulait dire, je connaissais pas Nabokov à l'époque, j'étais une fille aux claquettes et je me tapais la gueule par terre parce que je savais pas faire de claquettes, je lisais les graffitis dans les toilettes publiques et ça me faisait rire, j'étais une ex-fan des sixties sans savoir de qui je parlais, j'étais une aquoiboniste, je jouais les dépressives dans un faux rocking chair confectionné par deux trois coussins, je pleurais parce que l'amour physique c'est sans issue, bien que j'avais que peu conscience sur quoi je pleurais mais c'était sûrement très important, j'adorais étaler ma science en disant que Marilyn Monroe s'appelait Norma Jean Baker et je chantais la chanson par coeur, j'avais des dessous chics et je me trainais dans Babylone comme un baby alone et je rêvais un jour d'envoyer des Overseas Telegram.
A 14 ans, il a bien fallu que je me rende à l'évidence. J'avais beau chantonner avec une voix de crécelle et un accent anglais, j'avais beau mettre les fringues de mon père et m'applatir les seins, c'était foutu... Il a bien fallu que je dise au revoir à ma carrière de future Jane Birkin. Di Doo Dah c'était pas pour moi, je ressemblais pas à un garçon avec une poitrine plate... Et puis je serai jamais grande.

Tant pis alors. Je me suis mise à écrire et à vivre des chagrins d'amour et plus jamais ceux des autres. C'était un peu moins cool quand même... Mais n'est pas Jane B. qui veut.

Bon quand même, je l'avoue, Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve, c'est ma chanson préférée, bien que ça soit si difficile de choisir... Mais la petite souris dans un coin d'alcôve, c'est moi. Je pensais pas qu'un jour toutes les paroles me colleraient à la peau.

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Commentaires
A
Avec la raquette de tennis et tout ?
M
Moi aussi j'ai fait mon "gaby" comme Joseph d'Anvers qui de plus est de Nevers...
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