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N E X T E X I T
23 février 2008

Grenoble. 1

Tu sors de chez toi, il fait froid, tu croises ton proprio dans sa camionette, il te dépose à l'arrêt Louis Maisonnat du tramway A direction Echirolles Denis Papin, cela t'a au moins évité le bus 51 mais tu trouves domage tout de même de ne pas l'avoir pris, tu n'auras pas croisé ce matin le sosie de Juliette Gréco. Tu débarques à l'arrêt de la gare, il fait toujours froid, et il y a bien plus de vent encore. Tu rejoins ton amie à la gare ou un peu plus tard, quelques mètres plus loin dans les locaux de ton école, tu te réchauffes aux salles surchauffées par les ordinateurs, tu n'aimes pas leur clarté blafarde qui t'use les rétines.
Vaille que vaille tu essaieras de tenir le coup aux inconnus de ta classe, affalée sur ta chaise à jouer machinalement avec ton portable. Minutes défilantes. Secondes traîtres. Heures blanches. Automate disposé à être faussement concentré sur feuilles blanches rafistolées à l'encre, quelques mots en travers, regard biaisé sur la feuille d'à côté : il n'y a pas plus de mots noircis que sur la tienne. Ton amie s'arrache du bout des ongles son vernis, plongée tête la première dans la dissimulation de sa lecture clandestine. Tu regrettes d'avoir oublié ton livre, alors tu prends ton mal en patience. Tu parlementes agréablement à la pause cigarette-toilette pour savoir si ce midi vous allez manger ou pas, si ce soir vous allez achetez un CD ou pas. Et bien, parfois, il se trouve que vous faîtes les deux. Quick ou bien brasserie habituelle. Le fameux truc rouge dont tu ne te souviens jamais du nom réel. Tu préfères l'appeler Le Truc Rouge. Mais même assise à cette table, à rire en diagonal, tes yeux n'arrivent pas à quitter l'horloge murale pour guetter la reprise des cours où tu vas te rendre à nouveau, les pieds enchaînés et l'esprit bouleversé de devoir te contraindre à cette formalité.
Mais la libération arrive toujours, après une légère rebellion (lies) où tu vas pouvoir aller t'épanouir un tant soit peu dans un parc, dans les rues grises et froides, comme toutes les rues de toutes les villes. Juste une bulle d'hiver suspendue dans le temps entre quatre emplacements de choix : fnac, o'cd, gibert, espace music. Parfois quelques détours dans des boutiques de décoration où tu t'amuses à imaginer un futur chez toi, ou alors tu accompagnes ton amie dans ses envies de fringues, mais vous n'y restez jamais très longtemps parce que le temps presse, bientôt 17h.
Et dans ce bar où vous vous rendez, vous aimez être à l'heure de l'ouverture, alors que pourtant, à chaque fois, vous essayez de ralentir le pas pour ne pas être les premières arrivées, mais il est bien rare pourtant que vous ne soyez pas les premières clientes de ce lieu devenu chambre à part de vos évasions sommaires. Le Mark XIII.
Mais un coca et un café suffisent à peine à faire oublier le temps et le train et le tram de retour.

Il fait nuit, il fait froid, tu rentres chez toi. Pas cadencés. Peut-être dans le bus 51 tu croiseras le sosie de Juliette Gréco et tu te retiendras de le suivre dans la rue.

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Commentaires
J
mine de rien, les années étudiantes, c'est les meilleurs. Ce petit train train, en final, on l'aime bien.
D
Waoo, tout est si bien decrit.<br /> Ca me manques quand meme ces journées d'ennui...<br /> putain le pire c'est qu'on l'a le dut...<br /> <br /> En tous cas tres beau, vraiment.
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