La pause cigarette

Comme certains le savent, j'ai migré du haut du jardin Lecoq en bas. Je suis passée du communautaire à l'universitaire.

Il y a six ans, je mettais les pieds pour la première fois ici. Je faisais soi-disant une fac d'histoire, mais j'y préférais le cinéma à 4 euros. J'en ai des aigreurs qui remontent, toujours, avant d'enfin rentrer dans mon bureau. Je navigue entre deux ordinateurs pour moi toute seule - la grande classe - et comme avant, je préfère le rayon art et littérature contemporaine, tout au fond - comme au fond de la classe, les cancres - aux premiers rayons concernant l'histoire et la géo.
Oui, tout comme moi, vous vous demandez pourquoi j'ai fait deux ans d'histoire. Allez savoir ! Je crois pourtant sincèrement que l'histoire ancienne m'intéressait.
Bref, maintenant j'y travaille.

A la pause cigarette, j'ai beau sortir par l'entrée des artistes, euh du personnel, je me retrouve quand même en pleine cour de récré.
Face à moi, le bureau de l'UNEF. L'attrape-couillon des étudiants de première année le jour de la rentrée.

Véridique. En sortant tout à l'heure, une espèce de fille m'a agressée le tympan en hurlant à un copain à elle : "J'ai failli t'envoyer un message sur facebook l'autre soir quand je faisais du baby-sitting et puis en fait non ! Y'avait un match de foot à la place de Grey's Anatomy, la loose !"
Ouah.
Je crois qu'elle essayait vaguement de draguer son copain aux yeux défoncés et qui parlait sans ouvrir la bouche.

De l'autre côté, y'avait trois mecs qui jouaient avec un ballon de rugby en petit pull rayé près du corps sur le parking.
Ca n'a pas manqué, toutes les bibliothécaires sont sorties.
Le choc des générations.
Dans trois jours on en entendra encore parlé dans les bureaux alors que les étudiants n'auront pas changé de pull.

Soit.

Je vais réduire les pauses cigarettes et rester dans mon super bocal où il fait super chaud.